29.10.08
Montreal. PQ
Enfin de retour après cet épuisant mais ô combien mémorable tour du monde. C'est ma rédactrice en chef qui va être contente que je lui remette mon texte à temps!
Durée du voyage autour du monde :
3 demi journées.
Dépenses :
Gaz : 42,65 $
Vodka : 22,70 $
Provisions : 28,50 $
Restaurants : 57,89 $
Nil, Égypte
Mauritanie
Liverpool
London
Provence
Hollande
Lorgues
Italia encore
Dubrovnik
Italia
Hambourg
Berlin
Ukraine
Minsk
Roumanie
Tel Aviv
Turkménistan
Punjab
Oulan-Bator
Inde
China
Mandchourie
California
Virginie
New York
PLAN
Le monde au coin de la rue.
Monsieur Attigh est quelqu’un de spécial. Il parle un Français souriant. Mais ce n’est pas ça qui est spécial. Quand nous l’avons rencontré, nous étions au bout du rouleau et, encore une fois, au bord de la panne d’essence. Il nous a donné l’énergie de terminer notre périple. Monsieur Attigh a l’air un peu gauche et timide. Mais dès qu’il raconte les histoires de Djadibami, son village de Mauritanie dont personne ne connaît l’orthographe exacte, il nous ouvre les portes d’un autre monde. Comme celui du mur de l’espoir. Sur ce mur brûlé par le soleil de l’été qui s’achève, les carrés, les ronds et les triangles, racontent la vie des gens qui l’ont décoré. Des passants, des gens tristes, des gens heureux qui ont pris le pinceau pour mettre de la couleur dans la sécheresse d’une ruelle mauritanienne.
Écouter Monsieur Attigh, c’est déjà un autre voyage.
Pourquoi chercher si loin ce qu’on a si près ? La Khaïma, le restaurant de Monsieur Attigh, est au bout de la rue. À deux pas, il y a Vito, le boucher Italien, Georges, l’épicier Grec, le Special’s de Wilensky, les crêpes de Simoun, les fleurs de Tamey, les confitures de Marek, le sourire de Stavros, la poutine de Martin…
J’ai vidé le Westfalia. Yves a sélectionné ses photos. J’ai tracé sur la carte notre trajet, il avait la forme d’un poisson. La rédactrice en chef nous attendait depuis une semaine. Elle m’a dit que j’avais besoin d’une bonne douche.
Écouter Monsieur Attigh, c’est déjà un autre voyage.
Pourquoi chercher si loin ce qu’on a si près ? La Khaïma, le restaurant de Monsieur Attigh, est au bout de la rue. À deux pas, il y a Vito, le boucher Italien, Georges, l’épicier Grec, le Special’s de Wilensky, les crêpes de Simoun, les fleurs de Tamey, les confitures de Marek, le sourire de Stavros, la poutine de Martin…
J’ai vidé le Westfalia. Yves a sélectionné ses photos. J’ai tracé sur la carte notre trajet, il avait la forme d’un poisson. La rédactrice en chef nous attendait depuis une semaine. Elle m’a dit que j’avais besoin d’une bonne douche.
Grand monde
Étrangement, nous n’avons pas rencontré grand monde autour du monde. L’été était-il trop collant ? Ou le monde était-il parti en vacances lui aussi ? J’ai noté une négresse aux fesses rebondies dans une gargote au bord de la grand-route. Une bande de jeunes malfrats menaçants qui nous ont obligés à rebrousser chemin alors que nous avions très faim. Un vieux rabbin curieux. Une petite adolescente toute frisée venue de l’autre côté de l’océan et que nous avons prise en stop le temps de quelques étapes. Un pompiste édenté plus intéressé par notre véhicule que par la couleur dorée de la carte de crédit que je lui tendais. Un vieux Chinois plié en deux qui ressemblait singulièrement à celui du Super Marché Ming que j’avais décrit dans l’Urbania numéro 12 sur les ethnies. Peut-être était-ce lui ? Une vieille Ukrainienne les mains pleines de terre qui répétait sans écouter notre réponse la seule phrase qu’elle connaissait en anglais : what are you doing, what are you doing…
Heureusement, aux confins de la Mauritanie et de la Grèce, nous avons rencontré Monsieur Attigh, le seigneur du désert.
Ce n’est pas parce que la terre ne tourne pas toujours rond qu’elle est plate.
Au milieu de l’aventure, j’ai eu envie de retrouver mon lit, ma douche, mon confort. Mais pas moyen de faire demi-tour. Si le monde a un sens, il faut aller jusqu’au bout pour retrouver son point de départ.
Entre chez nous et chez nous, qu’y a-t-il ? Chez l’autre. Et finalement ce n’est pas très différent de chez nous. L’espoir, la vie, l’amour, la mort,… les centres d’achat, peut-être ? Il y a beaucoup de centres d’achat dans notre monde.
Arrêtez le monde, je veux descendre !
Dès qu’on sort de Montréal, je veux dire du quadrilatère rassurant entre St Urbain, Sherbrooke, St Denis et l’avenue des Pins, on est déjà ailleurs. L’Italie n’est pas loin. La Chine un peu plus bas. Le Portugal à deux pas.
C’est fou le monde qu’il y a à Montréal.
Ce qui est vrai n’est pas toujours ce qui n’est pas faux. Et inversement. À l’envers de la planète, c’est encore la même planète.
Détour du monde
Pour faire le tour du monde de Montréal à Montréal, nous aurions pu faire le tour des buffets chinois, des tavernes grecques, des pizzerias italiennes, des sushi-shops, des restos indiens et autres Falafel et Shitaouk à volonté. C’eût été trop facile. Et au lieu de ramener des dizaines de photos apocryphes d’un voyage mythique, nous n’aurions ramené que quelques kilos superflus sans intérêt socio-journalistique.
Nous n’avons pas vraiment suivi la carte. On aurait pu appeler ce voyage « détour du monde ». Mais au bout du compte, nous en avons fait le tour sans encombre.
Nous avons commencé par le Sud, même si ce n’était pas sur le chemin. Pour quitter le Nord, la pluie et les discours radiophoniques sur les accommodements raisonnables.
Nous sommes ensuite partis vers l’Ouest, mais rapidement, nous nous sommes retrouvés dans les pays de l’Est. Il y a toujours un moment où l’Est bascule à l’Ouest. Et inversement.
Notre trajet n’a pas été très catholique, plutôt cahoteux. Nous n’avons suivi aucune direction, juste notre inspiration. Plusieurs fois nous avons perdu le Nord. Nous savions qu’il fallait aller par là si nous voulions revenir ici.
Les anciens croyaient que la terre était plate et qu’au bout, il n’y avait rien. Nous sommes allés jusqu’au bout, aux deux bouts devrais-je dire. Et à chaque extrémité, nous avons trouvé un pont. Entre les deux, il y avait un monde que nous n’avions pas imaginé.
Nous n’avons pas vraiment suivi la carte. On aurait pu appeler ce voyage « détour du monde ». Mais au bout du compte, nous en avons fait le tour sans encombre.
Nous avons commencé par le Sud, même si ce n’était pas sur le chemin. Pour quitter le Nord, la pluie et les discours radiophoniques sur les accommodements raisonnables.
Nous sommes ensuite partis vers l’Ouest, mais rapidement, nous nous sommes retrouvés dans les pays de l’Est. Il y a toujours un moment où l’Est bascule à l’Ouest. Et inversement.
Notre trajet n’a pas été très catholique, plutôt cahoteux. Nous n’avons suivi aucune direction, juste notre inspiration. Plusieurs fois nous avons perdu le Nord. Nous savions qu’il fallait aller par là si nous voulions revenir ici.
Les anciens croyaient que la terre était plate et qu’au bout, il n’y avait rien. Nous sommes allés jusqu’au bout, aux deux bouts devrais-je dire. Et à chaque extrémité, nous avons trouvé un pont. Entre les deux, il y avait un monde que nous n’avions pas imaginé.
Le grand départ
On aurait voulu faire les choses en grand, partir sous les applaudissements de la foule comme Tintin qui part à la conquête du Congo, prendre notre première photo de voyage devant les bureaux de notre éditeur, saluer les envieux du balcon d’Urbania. Mais le mercredi matin où nous avons quitté le centre ville, il n’y avait personne pour nous acclamer et les bureaux d’Urbania étaient inaccessibles à cause des travaux interminables sur St Lo. C’est au bout de la route que nous avons rencontré le monde.
De Montréal à Montréal En faisant le tour du monde
Après avoir chargé le vieux Westfalia 1978 de l’essentiel, après avoir vérifié l’huile, la pression des pneus, le fonctionnement des phares, l’efficacité des essuie-glaces, après les adieux déchirants de nos proches incrédules, après un bref plan de route à notre rédactrice en chef, après un ultime coup d’œil à nos papiers officiels, nous nous sommes retrouvés sur l’autoroute Métropolitaine à l’heure de pointe. C’était déjà l’aventure.
Le début de l'aventure
Dans quelle espèce d’aventure me suis-je embarqué ? Quand j’ai accepté de partir pour le magazine Urbania avec le photographe Yves Renaud pour faire le tour de notre monde, je n’avais pas pensé aux nuits blanches le long des routes noires fréquentées par des camions déglingués, le ravitaillement impossible dans les vastes étendues sans vie, les églises fermées aux pèlerins perdus, les fontaines taries, les jardins verdoyants protégés par des grilles menaçantes, les millions de kilomètres de bitume, les ponts bloqués et les détours insensés, les routes pleines de trous et les chemins sans issue, les pistes poussiéreuses qui ne mènent nulle part, les traversiers qui n’arrivent jamais et les bateaux qui partent sans nous, le marchandage sans fin dans des souks sans fond, les gens qui parlent un sabir indéchiffrable et les autres qui ne parlent pas, les restaurants miteux et les plats douteux, les lacs trop pollués pour se baigner, les forêts peuplées de bêtes mystérieuses, les maisons abandonnée aux fenêtres placardées, le regard curieux des gens qui voient notre caravane s’éloigner dans un mélange d’huile brûlée et d’essence frelatée, la chaleur et la poussière, la solitude et la fatigue, la soif et la faim, les pannes inévitables et les arrêts évitables.
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